Un peu d'histoire

Mon passage au Museo de la Nacion à Lima a été l'occasion de grandement amélioré mes connaissances historiques sur le pays, de l'époque pré-inca jusqu'à nos jours. Je vais essayer de vous en restituer une petite partie.

Avant la formation du fameux empire Inca, la région était peuplée par différents cultures, dites pré-incas. Celles-ci ont développé la céramique, le tissage, ont créé des systèmes sophistiqués d'irrigation. Il y a notamment eu les cultures Chavín, Paracas, Nazca, Huari ou encore la culture Moche.

Vient ensuite la culture Inca. A cette époque, d'autres cultures existent, comme la culture Chimú, chacun tentant de maîtriser ses voisins. Les origines des incas sont un peu floues, mais vers 1200, ils s'installent dans la vallée de Cuzco. Au sommet de la hiérarchie se trouve l'inca.

C'est sous l'impulsion de l'inca Pachacutec que l'empire Inca prend réellement de l'ampleur. A partir de 1438 et pendant environ 70 ans, l'empire va commencer à couvrir toutes les Andes. Pachacutec réussit à garder l'unité d'un si vaste empire grâce à une administration très efficace et en développant l'immense réseau des chemins de l'inca, le Qhapaq Ñan, ainsi qu'en imposant la langue quechua comme langue officielle. A son apogée, sous le règne de Huayna Capac, l'empire s'éténd du Chili jusqu'au Sud de la Colombie.

En 1532, les premiers conquistadors arrivent. Au départ, ils ne sont que 180, dont Francisco Pizarro, face à des milliers de guerriers incas et pourtant, la conquête est relativement aisée et rapide. Plusieurs facteurs sont en cause. Tout d'abord, les incas sont en guerre civile, les deux fils de Huayna Capac se disputant la succession. Ensuite, les espagnols sont supérieurs en armement et en stratégie militaire, dotés d'armures en métal luisant au soleil, d'armes à feu et de chevaux, les incas étaient plus ou moins effrayés par ces hommes venus d'ailleurs. De plus, les espagnols ont réussi à soulever contre les incas certaines tribus locales, n'appréciant pas la domination de ceux-ci. Une autre raison, moins souvent citée mais exprimée par notre guide au Museo de la Nacion, est que les incas faisait de la guerre, un art, respectant toujours l'ennemi, et n'étaient pas, à la manière des espagnols, propices aux massacres gratuits et aux pillages.

La population de l'empire inca est passée d'entre 12 et 15 millions de personnes à environ 600000 en seulement un siècle de colonisation. Les espagnols ont largement exploité les indigènes et n'ont pas manqué d'apporter quelques maladies dans leurs bagages, maladies auxquelles les systèmes immunitaires des indigènes n'étaient pas habitués.

Bien que les incas se soient plusieurs fois rebellés, la domination espagnole est plus forte. En 1572, Túpac Amaru, le dernier inca régnant, est capturé puis exécuté sommairement sur la place principale de Cuzco. Les espagnols instaurèrent le système de l'encomienda, un tribut imposé aux indigènes. Francisco Pizarro, nommé gouverneur du pérou, en abusa et les indigènes se retrouvèrent forcés de travailler dans les mines et champs au seul profit des colons.

Les espagnols ont également entrepris la christianisation des populations locales. Par une sorte de propagande massive, entre les missionaires jésuites et les peintures noyant les croyances indigènes dans les références catholiques, par exemple, les incas vénéraient la Pacha Mama (= la Terre Mère) que les espagnols ont assimilé à la Vierge Marie. C'est sans doute par ce marketing religieux que les péruviens ont aujourd'hui gardé les croyances des espagnols.

Au fil des années et des générations, la morphologie de la population change. La proportion d'indigènes est beaucoup plus faible, celle d'espagnols plus forte mais apparaît également une nouvelle catégorie: les métis ou créoles, possédant à la fois des origines indiennes et (principalement) espagnoles.

C'est d'ailleurs majoritairement cette partie de la population qui a réellement mis le processus d'indépendance en marche. Les deux principales figures de l'indépendance sont le général José de San Martín et le général Simón Bolivar (qui a donné son nom à la Bolivie), chefs de file des rebelles. En 1821, après diverses campagnes militaires, San Martín déclare l'indépendance du Pérou par rapport à l'Espagne mais c'est seulement en 1824, après la victoire du général Antonio José de Sucre à Ayacucho que l'indépendance devient effective. L'Espagne ne reconnait cette indépendance qu'en 1880.

Le Pérou a ensuite eu une période où l'influence européenne, et surtout française, était très forte, notamment dans l'art et la culture. Ce n'est que depuis une centaine d'années que le pays forge son identité propre.

Le dernier étage du musée est dédié aux évènements liés au mouvement Senderoso Luminoso (= Sentier Lumineux). Au départ un parti politique, ce mouvement a ensuite pris la forme d'un groupe terroriste à l'idéologie communiste.

La population civile a fait les frais de cette guerre, coincée entre la violence terroriste et la violence contre-terroriste de l'Etat. Une Commission Vérité a été créée pour mettre au clair tous les faits liés au conflit: environ 69000 morts ont été dénombrés. De nombreux attentas ont été commis (attentats à la bombe à Lima par exemple) mais c'est la population montagnarde qui a le plus souffert. Dans certains villages, les guérilleros ont parois massacré une partie de la population. L'armée et les autorités péruviennes ont été critiqués pour l'attitude adoptée face aux terroristes, certains paysans soupçonnés de les aider ayant été massacrés par l'armée. Initialement, le groupe rebelle prétendait venir en aide à la population, mais au final celle-ci n'approuvait que très peu leurs actions.

En 1992, le chef fondateur de la guérilla Abimaël Guzman et d'autres dirigeants sont arrêtés, ce qui porte un coup dur au mouvement, beaucoup moins actif par la suite. Depuis, il n'y a eu que très peu d'actions du Sentier Lumineux, celui-ci étant plutôt devenu un groupe de mercenaires évoluant dans le milieu du trafic de drogue.

Afin de ne pas recommencer les mêmes erreurs, cette partie du musée a été créée pour que le Pérou n'oublie pas son histoire.

Maintenant, je crois que je connais mieux l'histoire du Pérou que l'histoire de France!

2 commentaires:

  1. Et bien ce cours d'histoire fut très instructif!
    ...D'ailleurs je sais maintenant d'où vient la marque de la tente 2 secondes!
    PS: et la bolivie avec Simón Bolivar: qu'en est-il?

    RépondreSupprimer